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Un certain regard

Au sens du Larousse, on retiendra dans le contexte des valeurs républicaines la définition : Absence de toute discrimination entre les êtres humains, sur le plan de leurs droits ; cela suppose une égalité (1) civile, sociale et politique.


Explicitations

L'extension de la notion dans la devise républicaine
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. » (article premier de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.) Le principe s'applique aux droits et aux charges.

Origines et évolution du principe
Aux origines de la démocratie athénienne, l'égalité entre tous les citoyens (2) se fondait sur le principe d'isonomie qui consacre la règle d'égalité citoyenne et politique. C'est au nom de ce principe que vont apparaître les « Boule » assemblées de citoyens crées pour contrebalancer l'assemblée des aristocrates. (3)
Ce principe, repris par le droit romain, a évolué au fil du temps. Dans nos société occidentales, les hommes sont égaux et disposent des mêmes droits et sont soumis aux mêmes devoirs.

Une notion largement débattue par les philosophes
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Rousseau
Pour Rousseau, (4) les inégalités des hommes en société sont le fait de l'histoire et des institutions et non pas de la nature.
Pour Tocqueville, (5) L'égalitarisme a pour effet d'isoler les hommes et de les rendre relativement  indifférents au sort de leurs compatriotes.
Pour Marx, (6) une société idéale est une société qui établirait des droits inégaux pour des individus inégaux.
Pour Locke, (7) les hommes à l'état de nature sont égaux, mais il y a inégalité de l'accession à la propriété privée. C'est le travail qui donne une légitimité à ce type d' appropriation.
Pour Montesquieu, (8) l'égalité est l'âme de la démocratie. Pourtant les inégalités ne peuvent être totalement éradiquées. Ou, plus exactement, les moyens employés pour atteindre cet objectif rendraient une telle égalité « réelle » détestable.
François Cusset (9) définit la discrimination positive comme un dispositif inégalitaire destiné à compenser les inégalités héritées du passé par des mesures favorisant ou encourageant, au moins partiellement, ceux qui en sont les victimes.
Pour Pierre Bourdieu, (10) « La cécité aux inégalités sociales condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de don ».
Pour Simone de Beauvoir, (11) la différenciation entre masculin et féminin ne provient pas d'un déterminisme biologique ou essentialiste ; On ne naît pas femme, on le devient.

Les mots composés avec égalité
- Égalité femme homme  :  ou égalité des sexes. C'est le principe selon lequel les hommes et les femmes doivent recevoir un traitement égal et ne doivent pas être victimes de discriminations basées sur leur appartenance à l'un ou l'autre sexe, hormis les cas où une différence de traitement serait justifiée par une différence biologique valable. (12)
- Égalité des chances : c'est une exigence qui veut que le statut social des individus d'une génération ne dépende plus des caractéristiques morales, ethniques, religieuses, financières, sociales, de genre ; ainsi que des générations précédentes. (13)
- Égalité de traitement : En droit du travail, ce principe signifie que si rien ne distingue objectivement deux salariés, même poste, même travail, même ancienneté, même qualification... ils doivent percevoir le même salaire.
A cela, il faut ajouter le fait que de nombreux textes affirment l'égalité de traitement à l'égard des personnes handicapées, quel que soit le type de handicap, ainsi que la nécessité, par une approche inclusive, de garantir leur pleine participation à la vie sociale, culturelle, économique. (14)
- Égalité devant les charges publiques : Principe dégagé par le conseil constitutionnel qui affirme l'égalité de tous devant l'impôt et l'ensemble des charges publiques.
- Égalité devant la loi. Ce principe doit accorder les mêmes droits à tous les citoyen dès lors qu'une loi ouvre un droit. Par exemple, la loi accorde aux couples mariés d'emblée le droit à l'adoption, donc en vertu du principe d'égalité, ce droit à l'adoption doit aussi être accordé aux couples gay légalement mariés.

Ne pas confondre égalité et équité
Les deux mots, égalité et équité, ont la même racine latine, mais leur sens n'est pas le même pour autant. L'égalité est un principe, une règle générale qui dit que les individus doivent avoir les mêmes droits et être traités de la même manière dans une même situation. L'équité c'est le souci d'organiser la société selon des principes qui tiennent compte des différences entre ses membres. La modulation du taux de l'impôt par rapport au revenu des individus relève de l'équité (chacun contribue selon ses moyens) alors que cette différence de taux affecte le principe d'égalité qui voudrait que tout le monde contribue au même taux...




Notes
1- Dès lors que l'on aborde le principe de l'égalité, il faut se garder d'une confusion avec le principe de légalité. Ce dernier consacre le principe de la soumission de l'administration au droit...
2- Ce qui exclut les métèques.
3- Ces réformes ont eu lieu vers 507 av JC, ce qui en dit long pour démentir une affirmation souvent reprise sur les « racines chrétiennes de nos sociétés européennes »
4 - JJ Rousseau, Discours sur l'inégalité (1755)
5 - Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1835-1840),
6 - Marx et Hengels, Critique des programmes de Gotha et d'Erfurt, (1875)
7 - John Locke, Le second traité du gouvernement (1690)
8 - Montesquieu, De l'esprit des lois, (1648)
9 - François Cusset, article « Discrimination positive », Encyclopaedia Universalis,
10 - Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les héritiers. Les étudiants et les cultures, 1999
11 - Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, tome II, éd. Gallimard, 194
12 - Il est difficile de clarifier cette notion qui dérape rapidement vers la théorie de complémentarité, qui vise à refuser l'égalité au nom de la nature
13 - Source : wikipedia
14 - Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, Convention internationale relative aux droits de l'enfant, et la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. La loi du 11 février 2005 définit le handicap comme « toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant». Cette définition étend les dispositifs de lutte contre les discriminations liées au handicap aux personnes souffrant de pathologies invalidantes.


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