Un certain regard
Parmi les nombreuses définitions proposées, on peut retenir pour la république française celle du Larousse : condition d'un peuple qui se gouverne en pleine souveraineté. Le mot est assorti de nombreuses définitions y compris juridiques.Dans ce cas là, et au risque d'être réducteur, on retiendra derrière le mot liberté la capacité d'un(e) individu à s'engager pour donner, faire ou ne pas faire.
Ci-dessous : une vidéo : Liberté, Égalité, Fraternité.
Explicitations
L'extension de la notion dans la devise républicaineCe droit « imprescriptible » suppose, au regard de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen :
La liberté d'agir sans nuire à autrui (art. 4)
La capacité d'agir dès lors qu'aucune loi n'y prévoit d'interdit (art. 5)
La liberté individuelle face à (et garantie par) la police et la justice (art. 7)
La liberté d'opinion (1) et de conscience (2) (art. 11)
Et l'ensemble des libertés garanties par les codes civil et pénal
Ci-dessous une vidéo : La liberté d'expression.
La liberté dans le code civil
Le code civil définit les libertés au travers des champs qui suivent : liberté et mariage - liberté et filiation - liberté et régime matrimonial - liberté et droit des successions - liberté testamentaire - liberté contractuelle.
La liberté dans le code pénal
Le fait, par une personne dépositaire de l'autorité publique (3) ou chargée d'une mission de service public, agissant dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa mission, d'ordonner ou d'accomplir arbitrairement un acte attentatoire à la liberté individuelle est puni de sept ans d'emprisonnement et de 100000 euros d'amende. (4)
Lorsque l'acte attentatoire consiste en une détention ou une rétention d'une durée de plus de sept jours, la peine est portée à trente ans de réclusion criminelle et à 450000 euros d'amende.
La liberté chez les philosophes
Il serait interminable de vouloir définir la notion de liberté chez les philosophes. On retiendra cependant que deux thèses essentielles se dessinent (et s'opposent).
L'une se fonde sur la nécessité. C'est le déterminisme selon lequel des contraintes plus ou moins connues de nous nous guident sur une voie ou sur une autre sans que nous en ayons clairement conscience. Notre liberté ne serait qu'une illusion.
L'autre part du libre arbitre (5) au motif que l'être libre s'éprouve comme la source de potentialités distinctes entre lesquelles il n'a qu'à choisir en vertu de motifs et de mobiles clairement identifiables et dûment pesés.
Les mots composés avec liberté
- Liberté d'opinion
- Liberté de conscience
- Liberté de la presse : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » (6)
- Liberté de culte : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites. » « La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. » (7)
- Liberté de manifester : Cette liberté prévoit pour un groupe de personnes la possibilité d'utiliser la voie publique afin d'exprimer une opinion par sa présence, ses gestes ou ses cris. (8)
- Liberté d'enseignement : » Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants. » (article 26, déclaration universelle des droits de l'homme). En France, l'instruction est obligatoire ; pas l'école.
- Libertés publiques sont des garanties individuelles que l'état doit protéger et ne peut supprimer. En France le cadre des libertés publiques s'appuie sur la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, le préambule de la constitution de 48 et le préambule de la constitution de la cinquième république de 1958
- Liberté économique : la liberté de produire, de commercer et de consommer des biens et services acquis sans usage de la force, de la contrainte ou du vol. Cette notion est incarnée dans un état de droit par le respect de la propriété privée et la liberté contractuelle et elle se caractérise par une ouverture aux marchés. (9)
Les sujets de débat...
- Liberté et sécurité : l'état d'urgence suspend nombre de libertés publiques â?? le principe de sûreté, avec les perquisitions administratives de jour comme de nuit sans l'accord du juge ; la liberté de circulation, avec le couvre-feu et les assignations à résidence ; la liberté d'association, avec la dissolution des groupements... Tout cela prime pour un temps sur le principe de liberté, or la menace terroriste risque de durer...
- Liberté et loi. Pour Rousseau, "Il n'y a point de liberté sans lois". Il faut abandonner l'idée que la liberté est absence de contraintes. Le principe de la loi nous parait restrictif dès lors qu'on l'envisage selon ce qu'elle interdit et non selon ce qu'elle autorise. La liberté de chacun doit s'épanouir dans des limites. En protégeant les droits par les devoirs de chacun, la loi est bien en ce sens la garante de la liberté.
En résumé
La notion de liberté est profondément ancrée dans les traditions sociales et politiques occidentales. Le cheminement menant à sa considération actuelle remonte à l'Antiquité, mais la notion s'est surtout fixée au XVIIIe siècle. A cette époque, deux conceptions de la liberté, que l'on retrouve encore aujourd'hui, se dégagent.Différentes conceptions
Le philosophe britannique Isaiah Berlin, en 1958, distingue deux concepts de liberté (10) : négative et positive (fig. 1)Figure 1 - Deux conceptions de la liberté
Il ne faut pas forcément opposer ces deux conceptions, même si elles ne considèrent pas la loi, l'individu et le collectif de la même manière. Le regard doit davantage se porter sur l'équilibre instable entre les deux (11) (12). « É la base les deux libertés sont inséparables, faute de quoi toute liberté élective est impossible. Quand elles s'accroissent, c'est alors qu'apparaît un déséquilibre en faveur de l'une ou l'autre. En raison de la finitude humaine, elles ne peuvent être maximisées en même temps. Vivre oblige à choisir. Tous les choix ne peuvent être faits dans la durée et l'espace d'une vie humaine. Le pluralisme se fonde sur le fait qu'on ne peut tout avoir à la fois. La liberté ne consiste pas à obtenir ce que l'on veut mais à être capable de se déterminer soi-même, que ce soit dans le dénuement ou l'abondance » (12).
Notes
10- Berlin I. (1988). Éloge de la liberté, Calmann-Lévy (édition originale 1969)
11- Theillier D. (2013). Deux conceptions de la liberté, par Isaiah Berlin. Lire
12- Delannoi G. (2013). Deux aspects complémentaires de la liberté : une relecture d'Isaiah Berlin, Annuaire de l'Institut Michel Villey, vol.5, p.143-161. Lire
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